Le journal "Sud Ouest" a enquêté sur le prix de l'eau. Nous reproduisons ici cet article qui vaut son pesant
...d'eau'r :
Mardi 23 Juin 2009
EAU POTABLE. L'Agence de bassin, qui gère la politique de l'eau dans le Grand Sud Ouest, présente son bilan 2008 Les régies moins chères que le privé Le poste assainissement des eaux usées est
devenu plus important que celui de l'alimentation en eau potable (photo stéphane klein) Lire aussi » Auch lancera le débat en 2010 » La Lyonnaise et Bordeaux » Mont-de-Marsan fier de sa
régie
Les consommateurs payent l'eau et l'assainissement 20 % moins cher dans les collectivités (parmi les 20 plus importantes de la grande région) qui ont opté pour un mode de gestion de leurs
ouvrages en régie (gestion directe) plutôt qu'en délégation de service public (affermage ou concession à une société privée).
C'est le constat dressé par l'Agence de bassin Adour-Garonne (1), qui présentait hier les résultats de son étude sur le prix de l'eau potable en 2008 à partir d'un échantillon quasiment grandeur
nature. Redevance en hausse Le directeur de l'Agence, Marc Abadie, s'est bien gardé d'en tirer la conclusion qu'un mode de gestion serait supérieur à l'autre. Néanmoins, dit-il, « c'est l'une des
raisons pour lesquelles certaines collectivités ont actuellement tendance, sous la pression de la société civile, à remettre en question les contrats de délégation de service public, soit par un
retour en régie, soit par une renégociation, ou une nouvelle mise en concurrence. » C'est ainsi que l'on renégocie les contrats à la Communauté urbaine de Bordeaux (lire ci-dessous), à Libourne
ou à Biarritz, ou que l'on repasse en régie, comme c'est le cas à Castres. Mais il existe aussi des contre-exemples : Montauban abandonne la régie pour la délégation de service public.
Cela étant, le meilleur prix de l'eau possible s'inscrit dans un contexte à la hausse. Les mises aux normes européennes impactent les factures sur lesquelles la ligne assainissement a pris
le pas sur la ligne prix de l'eau potable proprement dit. D'ici à 2011, « date ultime des mises aux normes », a indiqué Marc Abadie, il reste encore pour 350 millions d'euros de travaux à engager
dans les stations d'épuration des collectivités du ressort du bassin Adour-Garonne. Pour y faire face, l'Agence, qui intervient à plus de 25 % dans le financement, a décidé d'augmenter sa
redevance de 9 % par an pendant trois ans. Le comité de bassin devrait entériner la décision au début du mois de juillet. Cette redevance représente actuellement 36 centimes d'euros sur les 3,40
? qui constituent le prix « moyen » du mètre cube d'eau payé par les consommateurs du Sud-Ouest. 3,40 euros le mètre cube Justifiée par les investissements à venir, la hausse de la redevance
l'est aussi par la baisse de la consommation qui engendre une baisse des recettes : « Elle est de l'ordre de 3 % ces dernières années, signe que les messages sur les économies d'eau portent leurs
fruits », souligne le directeur. Toutefois, s'est-il empressé de préciser, « la redevance du bassin Adour-Garonne reste la plus faible de France ». Globalement, en 2008, le prix moyen de l'eau, à
3,40 euros le mètre cube (2), a augmenté de 4,9 % par rapport à 2007, où il se situait à 3,24 euros. Mais il s'apprécie différemment selon la taille des communes. Ainsi ce prix moyen est-il moins
élevé dans les communes de plus de 5 000 habitants, où il atteint 3,25 euros, en hausse de 2,2 %. C'est peu ou prou le niveau de l'inflation. De ce point de vue, l'Agence de bassin parle de
relative « stabilité ». Même si cela ne doit pas dissimuler de grandes disparités, comme le montre notre infographie en page précédente. En revanche, l'augmentation a été beaucoup plus forte dans
les communes de moins de 500 habitants d'une part (+ 2,7 % à 3,19 euros) et celles comprises entre 500 et 5 000 habitants d'autre part (+ 7 % à 3,63 euros). Disparités Marc Abadie l'impute au
fait que ce sont « les plus petites collectivités qui réalisent le plus de travaux actuellement ». Il y voit également le signe que ces petites collectivités ont bien pris en compte la « M49 »,
une norme administrative et comptable, selon laquelle « l'eau doit payer l'eau » et non plus émarger au budget général. Les disparités s'expliquent par le mode de gestion, la taille des communes,
mais aussi par d'autres facteurs comme la situation géographique. Dans les zones de montagne, où la nécessité de traitement est plus faible, la part « eau potable » est la plus basse (1,11 euros
le mètre cube en Ariège alors que la moyenne est à 1,42 euros). En revanche, dans les zones de baignade, du littoral notamment, qui exigent des traitements plus poussés, la part « assainissement
» explose au-delà du 1,45 euros moyen. Montée des standards La nature des habitats à desservir entre également en ligne de compte. Ainsi, les départements où la densité de population est parmi
les plus faibles présentent-ils une ligne « eau potable » élevée en raison des investissements à consentir sur les réseaux. C'est notamment le cas du département du Gers. La performance des
équipements est aussi une donnée importante. L'Agence de bassin Adour-Garonne dispose d'un budget de l'ordre de 1,4 milliard d'euros pour son programme en cours qui porte sur une période de six
ans (2007-2012). « Si l'on veut des poissons dans nos rivières, il faut continuer à faire des efforts sur la qualité et la quantité de l'eau. Il faut également assumer la montée de standards.
Effectivement, ça coûte », souligne Marc Abadie. Le prochain comité de bassin devrait entériner un effort supplémentaire sur l'assainissement mais également sur la dépollution agricole et
industrielle. Dans une approche de plus en plus pointue, on commence à s'intéresser aussi au traitement des « traces médicamenteuses » issues des rejets humains ! En revanche, les projets de
grands ouvrages, comme le barrage de Charlas en Haute-Garonne, demeurent toujours entre parenthèses.
L'Agence de bassin Adour-Garonne est la première en France à se livrer à cet exercice pédagogique de décorticage du prix de l'eau. À partir de 2010, l'Onema (Office national de l'eau et des
milieux aquatiques), sous l'égide du ministère de l'Écologie, mettra en place un Observatoire national des données sur l'eau qui intégrera le prix de l'eau potable. (1) Le Bassin Adour-Garonne
est compétent sur 18 départements du grand quart sud-ouest de la France appartenant aux régions Aquitaine, Midi-Pyrénées en totalité et aux régions Poitou-Charentes, Limousin, Auvergne et
Languedoc en partie. Soit un territoire peuplé de 6,8 millions d'habitants. (2) Le prix de l'eau est calculé sur la base d'une consommation de 120 mètres cubes par an pour un foyer de trois
personnes. S'y ajoutent une part variable (au-delà de 120 m³), la TVA et la redevance. Auch lancera le débat en 2010 Auch propose un prix de l'eau de 3,75 euros le mètre cube (eaux usées + eau
potable). Ce tarif en fait la préfecture du Sud-Ouest la plus chère, mais d'autres communes du Gers affichent un prix encore plus élevé. Pour l'eau potable, la capitale gersoise est en affermage
avec l'entreprise Veolia. « C'est comme une délégation de service public, explique Maurice Salles, adjoint (PC) au maire (PS). Ce système n'a rien à voir avec une privatisation. La municipalité
est propriétaire des installations mais délègue la gestion et l'entretien. C'est un peu comme une location de maison. Le propriétaire investit dans les grands travaux (en l'occurrence, une
station d'alerte pour éviter toute pollution accidentelle dans la station). Le locataire fait les travaux courants. » Le contrat arrive à échéance en décembre 2011. Actuellement, la mairie
auscitaine rassemble les données financières, techniques et juridiques pour connaître les avantages et les inconvénients d'une régie municipale. « Le débat viendra en 2010, poursuit l'élu. Autant
qu'il ait lieu sur des informations claires. »
La Lyonnaise et Bordeaux
Les relations entre la Lyonnaise des eaux et
la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) ne sont plus ce qu'elles ont été. En décembre 2008, la direction de la société privée qui gère l'eau en délégation de service public (affermage) a
finalement accepté de signer un avenant au contrat d'assainissement qui la lie à la CUB. Un accouchement dans la douleur après d'âpres négociations. Gain pour la collectivité : 46 millions
d'euros. La Lyonnaise a ainsi accepté de se passer de cette somme rondelette en étalant la perte sur les quatre prochaines années. La société va tout simplement rogner sur ses marges, avec à la
clé une légère baisse du prix de l'eau sur la facture des usagers. C'est grâce à un examen minutieux par la CUB de ce gros contrat, puis de l'intervention d'une commission de conciliation, que la
collectivité a pu proposer un nouveau contrat argumenté à la Lyonnaise. Et cela pose en creux une question essentielle : l'eau serait-elle moins chère dans l'agglomération bordelaise si elle
était restée en régie ? Mont-de-Marsan fier de sa régie Ceux qui voudraient plaider en faveur d'une régie publique n'ont tout simplement qu'à prendre l'exemple de la préfecture des Landes. À
Mont-de-Marsan, on affiche un 2,22 euros le mètre cube, le prix de l'eau le plus bas de toutes les préfectures du Sud-Ouest, et même de l'ensemble des villes de plus de 5 000 habitants. Thierry
Socodiabéhère, l'adjoint en charge de ce dossier, parle d'un « choix citoyen de la régie afin d'avoir le maximum de transparence auprès des citoyens ». L'élu n'entend pas critiquer « le choix du
privé », et affirme qu'il s'agit pour Mont-de-Marsan de « pragmatisme » et non de « politique ». Pragmatisme, car la gestion en régie et un prix de l'eau assez bas n'empêcheraient pas la
modernisation du réseau et les investissements. D'autant que Mont-de-Marsan est une ville assez étendue par rapport à sa population. « Nous avons tout l'entretien du réseau à faire et de nombreux
remplacements. Si nous n'avons pas augmenté le prix de l'eau potable pendant deux ans, c'est parce que nous respections notre plan de travaux. » La régie a simplement voté une légère hausse des
tarifs de l'assainissement en prévision du remplacement de la station d'épuration.
Auteur : Jacques ripoche j.ripoche@sudouest.com Tags : Environnement Nature bordeaux libourne biarritz SUD OUEST |
Mardi 23 Juin 2009 Commentaires
Jean Claude Goujat Biscarrosse le 23/06/2009 à 11h41
Depuis le temps que l'on essayait de nous faire croire le contraire!Ben oui,les excédents sont réinvestis dans les canalisations,la chasse aux fuites ce qui fait baisser le prix de l'eau.Et les
régies n'ont pas à engraisser des actionnaires. Content d'apprendre aussi que Biscarrosse à l'eau la plus chère d'Aquitaine,3,88€,en régie privée évidement,alors qu'il y a 3 lacs,deux usines de
traitements payées par le contribuable! Expliquez moi monsieur le maire,vous qui n'avez pas arrêter de prétendre que vous avez pris la solution la moins chère?
Philippe le 23/06/2009 à 10h49
On a vu "l'efficacité" de la lyonnaise récemment lors de la pollution de 100000 habitants découverte p
ar hasard par les habitants eux-même. Ça aurait couté trop cher de faire des analyses systématiques de l'eau et pourquoi puisque le marché est captif et que les cochons payants continueront de
nourrir les actionnaires?
Saroyan17 France le 23/06/2009 à 10h15
Bonjour, oui je suis tout a fais d'accord avec vous Alain. Nos politiques se moquent bien de savoir si cela va réaliser des économies pour la collectivité mais leur but étant de donner de
l'argent a des actionnaire qui parfois d'ailleurs le politiques en touche aussi des dividendes ! vive la morale. Concernant les contrôles de vitesses que vous soulevez il y a eu a un certains
moment une rumeur qui disait a peu prêt ceci "la fabrication des radars automatiques serait réalisé par un membre de la famille Sarkosy". Reste a vérifier cette rumeur.
Alain le 23/06/2009 à 09h39
Tiens BONJOUR ! Quoi ? Comment ? L’eau en régie est normalement moins chère à la sortie du robinet ? Donc, il a fallu toutes ces années pour s’apercevoir qu’un organisme privé qui se doit de
générer des profits pour complaire à ses actionnaires allait nous plomber le prix de l’eau. Fait extraordinaire que nos élus n’aient pas senti venir. Alors que dans les communes qui avaient opté
pour le maintien des régies fournissaient une eau d’aussi bonne qualité et moins chère à ses administrés. Mais continuons à réformer à tout va, à laisser des spécialistes privés s’installer dans
nos hôpitaux, à brader universités et enseignement en général, à dépiauter la poste, à vendre grues et portiques, à ouvrir le capital de GDF et EDF, cadeau des autoroutes françaises, ouvrir les
lignes ferroviaires à la concurrence… A quand la gestion des contrôles de vitesse par des entreprises privées afin de permettre à la police et à la gendarmerie de recentrer leurs activités sur la
délinquance et les enquêtes criminelles ? Le règlement des divorces a bien été détaché à la branche notariale.