Une délégation de CEP 17 a assisté samedi 14 mai 2011 au
forum de l’eau à la salle Saintonge de Saintes et à l’invitation des organisateurs, l’association saintaise eau secours services publics 17.
Deux thèmes étaient proposés au débat :
· « La protection et le partage de l’eau : irrigation, ostréiculture… »
· « Eau : gestion publique ou privée ? ».
Une bonne soixantaine de personnes, (malgré la concurrence représentée par la retransmission de la finale de la coupe de France de football et celle de la nuit des musées), participait aux débats.
Pour une agriculture raisonnée
Après la projection du film « Pour quelques grains d’or », axé sur les rapports de l’eau et de l’agriculture, le débat a été initié par Pascal Biteau, agriculteur bio à Torxé et responsable de la Confédération paysanne et par Benoît Biteau, agriculteur bio à Sabloncaux et Vice-Président de la Région Poitou-Charentes (PRG).
Les deux intervenants ont, entre autres, convaincu le public de l’inutilité de dépenser l’argent public pour les « bassines » (réservoirs d’eau alimentés l’hiver par retenue mais qui risquent de l’être l’été par pompage) et même de la nocivité de ces installations dans la lutte contre le manque d’eau de qualité.
Ce déficit, qui cette année encore sera criant, est en effet consécutif à la sècheresse mais surtout à une agriculture irraisonnable -mais subventionnée- trop grande consommatrice de la ressource. Le maïs, grand consommateur d’eau et de subventions, fut ainsi mis en accusation, ainsi que la monoculture et l’agriculture intensive.
En diminuant l’apport d’eau douce et en augmentant sa teneur en pesticides et nitrates, on explique en partie la mortalité des huîtres dans le basin conchilicole. Là aussi, la responsabilté d’une agriculture qui fait trop appel aux « intrants » et qui considère l’eau comme un intrant parmi d’autres, est engagée.
Les deux intervenants firent aussi la démonstration qu’une autre agriculture, respectueuse des milieux, était possible et souhaitable, et qu’elle pouvait procurer un revenu acceptable aux agriculteurs. Il faut pour cela aller vers une économie différente et adaptée aux besoins humains. Et tant pis si le port de La Pallice ne dépasse pas celui de Bordeaux au grand dam de Jean-Yves Queré, conseiller général (PS) de Saintes Est, présent dans la salle et qui ne croit pas à cette agriculture nouvelle !
Pour une gestion publique
Le deuxième débat était animé par Patrick Du Fau de Lamothe, expert comptable qui s’est spécialisé dans le domaine de l’eau et du conseil aux collectivités, élu (Erope écologie-les Verts) de la CUB (la communauté urbaine de Bordeaux) et militant de Transcub.
Après avoir fait part de son expérience des bénéfices injustifiés réalisés par les compagnies d’eau, Suez, Véolia ou Saur, sur le dos des usagers, à Bordeaux mais aussi dans de nombreuses villes, en l’illustrant par de nombreux exemples, il a fait la démonstration que l’audit réalisé à Saintes avant le choix d’un passage à la régie publique ou d’une nouvelle délégation (à Véolia) était entaché de suffisamment de zones d’ombres pour qu’il soit suspecté de partialité. Particulièrement en ce qui concerne les rémunérations supputées des salariés dans chaque système de gestion. (Pour plus de détails, voir le blog de Eau secours services publics 17 dans les liens ci-contre).
Le consensus s’établit finalement sur le fait que la décision du passage en régie était bien une décision politique qui devait permettre une meilleure gestion de l’eau au service du public.
Une municipalité apparemment réservée
Bien que ce retour en régie publique de l’eau à Saintes ait constitué une promesse électorale du maire, il semble que la majorité du conseil municipal n’ait pas encore pris sa décision, à en croire les deux conseillers municipaux, dont un adjoint au maire (PS), présents dans la salle. Ces derniers ne révélèrent d’ailleurs leur présence qu’à la fin du débat et alors que le public mettait de plus en plus en cause la municipalité. Leur intervention resta dans un registre mi-figue mi-raisin («Je comprends vos interrogations, vous avez raison de demander des éclaircissements, mais ce n’est pas moi qui m’occupe du dossier … »).
Patrick du Fau de la Mothe leur demanda alors de transmettre à qui de droit les informations sur les points noirs de l’audit qui venaient d’être évoqués, proposant de venir les expliquer en personne si la demande de rendez-vous de l’association, qui depuis quelques mois s’était vue opposer une fin de non recevoir, était acceptée par la municipalité. Les élus municipaux acceptèrent publiquement ces demandes. Dont acte et à suivre !
Réflexions supplémentaires :
C’est tout de même incroyable : partout en France les régies publiques existantes sont moins chères que les DSP, mais à chaque fois que des études prospectives sont réalisées, elles prédisent l’inverse ! Ce fut le cas pour La Rochelle Nord, ça l’est pour Saintes.
On est aussi en droit de s’interroger sur la considération suivante :
À Saintes, les partis de gauche soutiennent l’action de eau secours services publics 17 pour le retour à une régie publique, tous, y compris le PRG, mais pas le PCF.
À La Rochelle, les partis de gauche soutiennent l’action de CEP 17 pour une régie publique, tous, y compris le PCF, sauf le PRG. Comprenne qui pourra.