Marchands d'eau : enquête inédite sur les activités de Suez et Veolia.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, “Thema” sur ARTE s’interroge sur les conséquences de la marchandisation de l’or bleu, avec notamment une enquête inédite sur les activités de Suez et Veolia. A découvrir le 22 mars à 20h40.
En France, Veolia et Suez gèrent 80 % de l’approvisionnement en eau dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) qui voient les communes rester propriétaires des infrastructures et déléguer l’exploitation aux entreprises privées. Mais alors que ce modèle rencontre un indéniable succès à l’étranger, de plus en plus de municipalités tentent de reprendre le contrôle de l’eau dans l’Hexagone.
Ce film retrace, documents à l’appui, le processus qui a conduit à l’abandon des régies publiques, encouragé par “le droit d’entrée” : une pratique consistant, pour les opérateurs privés, à mettre à disposition des communes une confortable somme d’argent afin de s’assurer la conversion au modèle du PPP. Ces mariages d’intérêt ne sont pas restés sans conséquences pour les usagers : factures en constante augmentation, canalisations non entretenues... La longue liste de doléances a incité certaines municipalités, à l’instar de Paris et de Grenoble, à choisir la “recommunalisation” pour protéger la ressource en amont et offrir aux habitants un service de qualité. En France, mais aussi en Allemagne, au Kenya ou au Guatemala, par la voix d’experts tels que Maude Barlow, lauréate du prix Nobel alternatif, d’élus locaux dont Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l’eau, et de représentants d’associations de consommateurs, Water makes money alerte sur les dangers liés à l’hégémonie de Veolia et Suez, qui se traduit par une présence grandissante des multinationales dans les médias, les partis politiques, les ONG et les universités...
Leslie Franke et Herdolor Lorenz : "Après Eau publique à vendre, qui portait sur la privatisation de l’eau en Grande-Bretagne et en Allemagne, de nombreuses personnes nous ont suggéré de nous pencher sur la situation en France en nous expliquant qu’il était peu probable qu’un réalisateur hexagonal prenne ce risque, Veolia et Suez étant très présentes sur le terrain des médias. Par ailleurs, la France nous intéressait en raison de son modèle dominant : le partenariat public-privé (PPP) qui permet aux communes de rester propriétaires des infrastructures tout en confiant la gestion de l’eau aux entreprises privées (...). Nous avions déjà repéré des pratiques analogues avec Thames Water à Londres. Toutefois, en France, nous avons été frappés par la collusion entre les entreprises et les élus locaux. De manière générale, le démantèlement des services publics constitue une menace. Peut-on laisser des besoins fondamentaux aux mains des opérateurs privés ? Leur objectif est le profit et ce sont les consommateurs qui paient les pots cassés !".
A noter que Veolia a déposé une plainte contre X pour diffamation, après visionnage du documentaire.